Plus d’une cinquantaine de détenus haïtiens ont péri entre juillet et septembre 2025 dans des conditions qualifiées d’« inhumaines et dégradantes » par le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH). Dans un rapport publié le 11 novembre, l’organisme tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme sur la dégradation dramatique du système carcéral haïtien, symbole d’un État à bout de souffle.
Entre surpopulation extrême, malnutrition, manque de soins médicaux et absence d’eau potable, les prisons du pays sont devenues de véritables zones de non-droit où la survie tient du miracle.
Les chiffres du rapport du BINUH ont de quoi glacer le sang : plus d’une cinquantaine de décès enregistrés en trois mois seulement, dans un univers où les détenus se disputent quelques mètres carrés, sans accès régulier à la nourriture ni à l’eau potable. Les constats rappellent ceux d’un rapport antérieur des Nations unies en 2022, mais la situation semble aujourd’hui avoir franchi un point de non-retour.
Dans plusieurs établissements, notamment à la prison civile de Cabaret et celle de Jérémie, les conditions de détention s’apparentent à une lente agonie collective. Des cellules conçues pour 20 personnes en abritent parfois plus de 80. La promiscuité, la chaleur suffocante et l’absence d’hygiène favorisent la propagation de maladies comme la tuberculose et l’anémie. Les rares soins médicaux disponibles n’arrivent que trop tard, quand la mort s’est déjà installée.
La crise humanitaire qui mine les prisons haïtiennes s’inscrit dans un contexte d’effondrement global de l’État. Les violences de gangs, la paralysie administrative et les routes bloquées rendent quasi impossibles les transferts hospitaliers ou l’acheminement de vivres. Pour le BINUH, il s’agit d’une double crise : celle d’un système carcéral dépassé et celle d’une gouvernance incapable d’assurer les droits fondamentaux des citoyens, même privés de liberté.
Face à cette tragédie silencieuse, l’appel de l’ONU résonne comme un cri d’urgence : sauver des vies avant qu’il ne soit trop tard. Mais dans un pays où la survie quotidienne des citoyens libres est déjà une bataille, celle des détenus oubliés risque encore longtemps de se perdre derrière les murs des prisons.
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