Plongée dans une spirale de violences, de délits organisés et de fragilité institutionnelle, Haïti traverse une crise sécuritaire profonde. Ce n’est plus seulement la question de l’ordre public : c’est l’effondrement d’un contrat social, la mise en péril des moyens de subsistance, et une jeunesse qui vacille dans l’ombre du désespoir.
Depuis plusieurs années, l’insécurité a cessé d’être un phénomène isolé pour devenir une condition structurelle en Haïti. Les bandes armées occupent une place centrale dans ce nouveau paysage : elles contrôlent des quartiers entiers, installent des « droits de passage » sur les axes routiers et perturbent gravement la circulation des personnes et des marchandises. Cette emprise gangrène à la fois l’État et l’économie : les entreprises réduisent ou quittent le pays, les familles sont déplacées, les commerces fermés, et le lien de confiance entre citoyen et institution s’effrite.
Parmi les conséquences les plus lourdes : l’insécurité alimentaire aiguë touche désormais près de la moitié de la population — des millions de personnes se trouvent en situation de « Crise » ou d’« Urgence ». La violence fait partie du quotidien ; le sentiment d’impuissance s’installe quand la promesse de protection sociale ne devient qu’un vœu. L’État, dépourvu de contrôle effectif, est perçu comme absent ou impuissant.
L’insécurité généralisée en Haïti n’est pas seulement un échec de la police ou un problème de trop d’armes dans les rues. C’est un échec de la société à se penser en tant que communauté politique capable d’assurer sécurité, dignité et espoir à ses membres. Tant que cette crise sera traitée comme un simple symptôme, et non comme un projet global de reconstruction — qui touche à la justice, à l’emploi, à l’éducation et à la résilience —, Haïti continuera de naviguer à vue, sur une mer de violences et d’exils silencieux. L’urgence est de redonner aux Haïtiens non seulement la sécurité, mais la confiance que leur avenir leur appartient encore.
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