Haïti : Des chiffres rassurants, une réalité inquiétante pour les élections

À la tribune des Nations Unies, le président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Laurent Saint-Cyr, a dressé un bilan optimiste des préparatifs électoraux. Plus de 10 200 bureaux de vote sur les 12 000 attendus sont déjà identifiés, plus de 70 % du personnel électoral est mobilisé et 65 millions de dollars sont disponibles pour financer le processus. Mais derrière ces chiffres rassurants, la violence armée continue de menacer la faisabilité des scrutins.

Lors de la 80ᵉ session de l’Assemblée générale de l’ONU, Laurent Saint-Cyr a multiplié les arguments pour convaincre que son Conseil avance vers des élections libres et crédibles. Selon lui, le Conseil Électoral Provisoire (CEP) a franchi des étapes techniques décisives et se trouve prêt à organiser le scrutin. Ces données, dit-il, traduisent une volonté ferme de mettre fin à la longue absence d’élections dans le pays.

Pourtant, la situation sécuritaire jette une ombre lourde sur ces préparatifs. Les gangs continuent de contrôler de vastes territoires, perturbant la vie quotidienne et forçant des milliers de familles à se déplacer. Dans ce contexte, garantir la sécurité des électeurs, du personnel électoral et du matériel de vote relève encore du défi. « Le peuple haïtien doit pouvoir choisir ses dirigeants dans la paix », a rappelé Saint-Cyr, lançant un appel pressant à la communauté nationale et internationale pour agir sans délai.

Pour tenter de lever cet obstacle, le président du CPT affirme travailler en étroite collaboration avec la mission multinationale d’Appui à la Sécurité, l’OEA, la CARICOM et le BINUH. Il souligne aussi l’importance d’un dialogue politique inclusif afin de créer un climat de cohabitation et de confiance. Toutefois, son mandat touche à sa fin dans quatre mois, et le temps devient un facteur décisif qui accentue la pression.

Près de dix ans après les dernières élections, Haïti reste plongé dans une transition sans fin. Dix-huit mois après son installation, le CPT n’a pas encore pu offrir aux citoyens le cadre sécuritaire nécessaire à l’organisation des scrutins. La promesse de Laurent Saint-Cyr pourrait donc s’ajouter à la longue liste des engagements non tenus. Pour beaucoup d’Haïtiens, la question n’est plus seulement de savoir quand ils voteront, mais si le pays est encore en mesure de renouer avec une véritable démocratie.

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