Il y a encore une quinzaine d’années, la Côte des Arcadins faisait battre le cœur du tourisme balnéaire haïtien. Les week-ends, les cars bondés et les véhicules privés empruntaient la Route Nationale #1 en direction de l’Arcahaie. Les hôtels affichaient complet, les plages étaient animées par la musique, les rires et les activités nautiques. Les touristes étrangers, séduits par le décor naturel, côtoyaient les visiteurs locaux venus profiter du soleil et de la mer.
Aujourd’hui, la scène est méconnaissable : bâtiments en ruine, installations envahies par les herbes, sables jonchés de débris. Les quelques structures encore debout ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes.
La descente aux enfers de cette zone touristique n’est pas un hasard. Les racines du problème plongent dans un conflit foncier interminable opposant plusieurs groupes sur la propriété des terres côtières. Cette querelle a freiné toute possibilité d’investissement durable.
À cela s’est ajoutée l’insécurité galopante qui, depuis plusieurs années, mine la Route Nationale #1. Braquages, enlèvements et attaques armées ont découragé aussi bien les touristes que les investisseurs. Dans ce climat tendu, plusieurs établissements ont été incendiés ou pillés, entraînant une fermeture définitive.
Kaliko Beach, Wahoo Bay, Ocean View… ces noms résonnaient comme des invitations au rêve. Aujourd’hui, leurs portes sont closes, leurs plages désertes. Les images de visiteurs savourant un cocktail au bord de l’eau ou participant à des activités nautiques appartiennent au passé.
La disparition de l’activité touristique a provoqué un véritable choc économique dans la région. Les petits marchands de fruits de mer, autrefois nombreux à installer leurs étals en bord de route, ont disparu. Les pêcheurs peinent à écouler leurs prises. Les artisans locaux, qui vendaient colliers, sculptures et souvenirs, ont perdu leur clientèle.
Les jeunes, qui trouvaient dans ces établissements des emplois saisonniers ou permanents, se retrouvent sans alternative. Certains ont quitté la zone, d’autres sont tombés dans le chômage prolongé.
La Côte des Arcadins n’est plus qu’un souvenir pour ceux qui l’ont connue à son apogée. Ce littoral, autrefois fleuron du tourisme haïtien, s’efface peu à peu des circuits touristiques. À mesure que la nature et l’abandon reprennent leurs droits, la perspective d’une renaissance semble s’éloigner.
Pour beaucoup, l’histoire de la Côte des Arcadins est celle d’un potentiel gâché, d’une richesse naturelle sacrifiée sur l’autel de l’insécurité et de l’instabilité. Sans un sursaut national et un plan de réhabilitation, ce joyau pourrait disparaître à jamais, emportant avec lui un pan essentiel de l’identité touristique haïtienne.
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