Quand la « graduation » devient une parodie à l’Arcahaie

À l’Arcahaie, les cérémonies de graduation se multiplient au rythme des week-ends, comme si une pluie de diplômes s’abattait sur la cité. Des écoles professionnelles, sorties de nulle part, organisent à tour de bras des remises de certificats après… une semaine de formation, un mois, deux mois , trois mois ... . Robes de toges, discours pompeux, ambiance solennelle : tout y est, sauf la substance.

Cette inflation de « graduations » pose une question essentielle : à quoi servent réellement ces certificats ? Sont-ils reconnus par l’Institut National de Formation Professionnelle (INFP) ? Ont-ils une quelconque valeur sur le marché du travail ? Dans un pays où l’accès à une formation de qualité est déjà un défi, la prolifération de ces établissements improvisés ressemble davantage à une entreprise commerciale qu’à une mission éducative. On joue sur le rêve des jeunes en quête de reconnaissance sociale, en leur offrant un diplôme sans contenu, un titre sans fondement.

Il ne s’agit pas ici de mépriser l’effort d’apprendre, même dans des formats courts. Mais transformer des ateliers de quelques jours en cérémonies fastueuses de graduation relève de la tromperie symbolique. Le mot « graduation », chargé de prestige et d’effort académique, est vidé de son sens. À force de banaliser ce rituel, on décrédibilise les vraies institutions, celles qui peinent déjà à maintenir la rigueur et la valeur de leurs diplômes.

Il est temps que les autorités compétentes, en particulier l’INFP et le Ministère de l’Éducation, se penchent sur cette dérive. Car derrière le folklore des toges et des certificats, c’est l’avenir d’une jeunesse qui se joue. On ne bâtit pas un pays avec des diplômes en carton, mais avec des formations solides, rigoureuses, capables d’outiller les jeunes pour affronter un marché du travail de plus en plus exigeant.

Une graduation n’est pas un décor de théâtre. C’est la reconnaissance d’un effort réel, d’un parcours validé, d’un savoir transmis. Quand elle devient une mise en scène creuse, c’est toute la société qui en sort affaiblie.

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