Le bas de l’Artibonite, jadis pilier agricole du pays, s’enfonce dans une spirale de violence sans précédent. Selon la journaliste Bertide Horace à Radio Magik.9, près de 90 % de la région seraient passés sous l’emprise de quatre groupes criminels . Entre les affrontements meurtriers, les incendies de maisons et les déplacements massifs, la population vit dans la terreur et l’abandon.
Les habitants de Verrettes, Savien et La Chapelle vivent au rythme des rafales. Le gang Gran Grif, retranché à Savien, contrôle depuis des mois plusieurs routes stratégiques et impose sa loi par la violence. À La Chapelle, le groupe Taliban Mawozo avance inexorablement vers Désarmes, incendiant tout sur son passage. Les deux organisations armées se disputent le territoire, plongeant les localités environnantes dans une guerre sans fin.
« Quatre groupes criminels se partagent l’Artibonite, mais Gran Grif et Taliban Mawozo sont les plus puissants. Ils terrorisent tout ce qui bouge », explique Bertide Horace sur les ondes de Magik 9. Derrière ses mots, un constat terrible : l’État a disparu du paysage.
Les conséquences sont dramatiques. Des milliers de familles ont fui leurs villages, abandonnant maisons, bétails et champs. Les récoltes sont perdues, les canaux d’irrigation sont désertés, et les marchés, autrefois animés, sont aujourd’hui réduits au silence. Dans plusieurs communes, les écoles ont fermé, les églises servent d’abris précaires, et la faim s’installe lentement.
Pendant ce temps, les autorités restent muettes. Les forces de l’ordre, sous-équipées, peinent à affronter ces bandes lourdement armées. L’Artibonite, grenier historique de la nation, devient peu à peu un désert humain et économique.
Quand 90 % d’un territoire fertile tombe aux mains de criminels, ce n’est pas seulement une région qui s’effondre, mais l’espoir d’un pays tout entier. Dans les cendres de l’Artibonite, les paysans murmurent encore un rêve — celui de revoir un jour la terre reverdir et la vie triompher sur la peur.
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