Les résultats du baccalauréat 2025 dans l’Artibonite ne sont pas qu’une série de chiffres : ils sont le reflet d’un désastre éducatif annoncé. Quand plus de 63 % des candidats échouent et que près des trois quarts des recalés sont une nouvelle fois éliminés, il ne s’agit plus d’un simple problème d’apprentissage, mais d’une faillite collective du système.
Chaque année, le ministère publie des pourcentages qui ressemblent de plus en plus à un bulletin de décès scolaire. On ne parle plus d’élèves qui trébuchent, mais d’une génération sacrifiée. Derrière les statistiques, il y a des jeunes désespérés, des parents ruinés d’efforts, des enseignants découragés. Et toujours la même question qui revient : à quoi sert l’école haïtienne aujourd’hui, si ce n’est à produire des échecs en série ?
Le ministre Antoine Augustin, dans une sortie brutale mais lucide, a récemment parlé d’une école nationale « kraze ». Ses mots, loin d’être exagérés, trouvent une résonance tragique dans les chiffres de l’Artibonite. Pourtant, aucune réforme structurelle n’est mise en œuvre. On se contente de commenter les désastres, d’enchaîner les conférences et de publier des notes officielles. Pendant ce temps, les élèves, eux, voient s’effondrer leur seul espoir : celui de l’éducation comme levier de mobilité sociale.
La chronique de cette débâcle pourrait se résumer ainsi : un pays qui n’investit pas dans son école prépare son propre effondrement. Et l’Artibonite, avec ses milliers de recalés, n’est pas un cas isolé : c’est le miroir brisé d’Haïti tout entière.
Tant que l’État ne se décidera pas à sauver l’école publique, les résultats du bac ne seront pas des surprises, mais des répétitions d’un naufrage collectif.
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