Une dernière tendresse au cercueil de son fils

Il y a des images qui traversent le temps et s’imposent comme des cicatrices collectives. Celle d’une mère posant sa tête sur le cercueil de son fils restera gravée dans la mémoire de tous ceux qui étaient présents à Saint-Pierre de Pétion-Ville, ce mercredi 27 août. Un geste simple, mais déchirant : l’ultime tendresse qu’elle pouvait offrir à ce corps inerte, désormais prisonnier du bois et du silence.

Dans ce contact muet, il y avait toute une vie de caresses, de berceuses, de conseils murmurés dans l’oreille d’un enfant devenu jeune homme. Mais aussi toute l’impuissance d’une mère face à une injustice brutale. Elle, qui l’avait mis au monde, le retrouvait brisé par des balles qui n’auraient jamais dû être tirées.

Autour d’elle, les pleurs des proches et l’indignation des camarades ne pouvaient apaiser son fardeau. Car une mère, dans de tels moments, n’entend plus le monde. Elle se réfugie dans un dernier dialogue intérieur avec son enfant. Peut-être lui disait-elle encore une fois de se lever, d’aller à l’école, de courir derrière un ballon de basket. Peut-être lui promettait-elle de continuer le combat qu’il n’a pas eu le temps d’achever.

Dans cette église, ce n’était pas seulement Wanderson que l’on enterrait. C’était l’espoir d’une génération sacrifiée, l’avenir qu’on arrache aux familles sans ménagement. Et cette mère, à travers ses larmes, devenait malgré elle le visage de toutes les mères haïtiennes qui pleurent un fils tombé trop tôt, trop injustement.

Il restera de ce moment une image universelle : une mère et son enfant, séparés par la mort mais unis dans un amour que même les balles ne peuvent réduire au silence.

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