Dans sa dernière parution, le Courrier de Notre-Dame du Perpétuel Secours (NDPS) dresse un tableau saisissant de l’état des paroisses en Haïti, particulièrement dans l’Archidiocèse de Port-au-Prince, mais aussi dans les diocèses de Hinche et des Gonaïves. Selon ce rapport, des dizaines de communautés de foi sont aujourd’hui fermées, incendiées ou placées sous contrôle direct des gangs.
Le NDPS rappelle que l’Église haïtienne a traversé, entre 2020 et 2023, une période marquée par les enlèvements répétés de prêtres, religieux et religieuses. Les fidèles laïcs, premiers touchés, ont également subi des vagues de kidnappings, de viols et de meurtres. Dans ce contexte, plusieurs paroisses de la capitale ont été abandonnées, parmi lesquelles Sainte-Bernadette de Martissant, Saint-Gérard de Carrefour-Feuilles ou encore le Sacré-Cœur de Turgeau. Même la cathédrale provisoire de Port-au-Prince a été incendiée, privant l’archevêque de son siège.
Le document souligne qu’au total, près de soixante paroisses de l’Archidiocèse de Port-au-Prince sont « abandonnées ou partiellement fréquentées », une évaluation qualifiée de « non exhaustive », puisque les gangs demeurent actifs et imprévisibles. La situation est tout aussi préoccupante dans le diocèse de Hinche, où dix paroisses – dont Mirebalais et Saut-d’Eau – sont fermées après l’assassinat de deux religieuses. Aux Gonaïves, six communautés paroissiales, dont celles de Petite-Rivière, Liancourt et Jean-Denis, ont connu le même sort.
Au-delà des chiffres, le NDPS insiste sur l’ampleur humaine et pastorale du désastre : des quartiers entiers sont vidés de leurs fidèles, les chants liturgiques ont cédé la place aux rafales d’armes automatiques, et les congrégations religieuses sont contraintes de quitter des zones entières après des décennies de présence. « Ce ne sont pas des statistiques, mais des tragédies humaines », insiste le rapport.
Le Courrier NDPS conclut en appelant à une prise de conscience nationale : tant que l’insécurité détruira les lieux de foi, c’est toute la mémoire spirituelle, culturelle et identitaire du pays qui s’effacera. Sauver les paroisses, avertit le journal, c’est aussi sauver une part essentielle de l’âme haïtienne.
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