Le bruit des rafales a résonné longuement à Liancourt. Les appels à l’aide ont fusé. Les policiers en poste, assiégés, ont tout tenté pour survivre. En vain. Trois d’entre eux ont péri, un blindé a été incendié, et aucun renfort n’est arrivé. Pourtant, une lettre officielle du ministère de l’Économie et des Finances, datée de juillet 2025, confirme le déblocage de 177 130 000 gourdes pour soutenir les opérations sécuritaires dans tout le pays. Sur ce montant, 35 millions ont été affectés à l’Artibonite, un des départements les plus exposés à la violence armée.
Mais entre les chiffres et le terrain, c’est l’abîme. Où sont passés ces fonds ? Où sont les équipements, les blindés fonctionnels, les munitions promises ? Dans les commissariats de l’Artibonite, les radios grésillent dans le vide, les agents manquent de gilets pare-balles, les véhicules tombent en panne – et l’État, lui, reste muet. Ce drame n’est pas un accident : c’est le fruit d’une gestion sécuritaire où le papier brille, mais le sang coule.
Débloquer 177 millions sans protéger ceux qui risquent leur vie, c’est signer un contrat de trahison. À Liancourt, trois policiers sont morts non seulement sous les balles, mais aussi sous le poids d’une indifférence institutionnalisée. Chaque gourde non traçable est une balle potentielle dans le dos de nos forces de l’ordre. Tant qu’aucune reddition de comptes n’est exigée, tant qu’aucune tête ne tombe pour négligence, ces millions continueront à nourrir le chaos – et les cercueils continueront à s’aligner, drapés de honte.
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