Plusieurs sénateurs américains ont adressé une lettre officielle à Marco Rubio et Kristi Noem, exprimant leur inquiétude face à la présence d’une entreprise militaire privée opérant en Haïti sous contrat avec le gouvernement de transition. Cette initiative, attribuée à Erik Prince — ex-dirigeant de Blackwater — relance le débat sur la légalité de telles interventions, l’éthique de la politique étrangère américaine, et la cohérence entre l’action sécuritaire sur le terrain et les décisions migratoires récentes des États-Unis.
Le contrat évoqué avec la société d’Erik Prince prévoirait l’envoi de mercenaires lourdement armés, de drones et d’équipements militaires à Port-au-Prince, en pleine recrudescence des violences liées aux gangs. Des livraisons auraient déjà été effectuées, suscitant l’alerte des parlementaires quant à l’absence de transparence sur les autorisations d’exportation d’armes américaines. Ces opérations risquent non seulement de compromettre la Mission multinationale soutenue par l’ONU, mais également de violer la directive NSPM-10 sur les droits humains.
Autre point de tension : la collaboration entre ces mercenaires et certaines unités de la Police nationale d’Haïti (PNH), soupçonnées d’exactions. En vertu de la loi Leahy, toute assistance américaine à des forces impliquées dans des violations graves des droits humains est interdite. Si des liens directs sont établis entre l’EMP et la PNH, cela pourrait exposer l’aide américaine à des irrégularités juridiques majeures, voire à des poursuites.
Les sénateurs pointent enfin l’absurdité apparente de la position américaine : d’un côté, Washington justifie l’expulsion des Haïtiens en mettant fin au statut de protection temporaire (TPS) ; de l’autre, il finance ou tolère une intervention militaire dans un pays qu’il juge trop instable pour accueillir ses propres ressortissants. Ce double discours fragilise la crédibilité des États-Unis sur la scène internationale.
À moins de deux semaines de la date butoir fixée au 15 août 2025, l’administration de Trump est sommée de clarifier sa position. Au cœur du dilemme : concilier les impératifs sécuritaires en Haïti avec le respect du droit international et des droits humains — sans quoi la diplomatie américaine risque de perdre sa boussole morale dans un pays déjà en perdition.
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